C’est une maison au bord d’une route, au milieu de nulle part. Il y existe une magie, toujours présente dans les intérieurs des aînés. Une poésie désuète qui raconte, indice par indice, l’histoire du temps qui s’est écoulé. Tantôt tragique, tantôt lumineuse. Des échantillons d’époques révolues, d’habitudes et des objets qui se sont accumulés. L’histoire de toutes les choses rafistolées pour qu’elles survivent à l’usure.




















J’ai commencé à prendre ces photos sans savoir de quoi ça pourrait parler, attirée tantôt par un instant, tantôt par un objet. Puis j’ai réalisé qu’il ne s’agissait pas tant de cette campagne modeste, avec ses fantômes et ses drôles de règles, que de ces deux drôles d’oiseaux qui se sont mariés par amour, envers et contre tout, et ont vécu dans cette maison au bord de cette route une vie faite d’innombrables choses. Qui s’est tissée de regret et de reproches parfois, mais aussi de petites lumières, de repères et de réconforts, de ce que l’on entrevoit d’une complicité et d’une admiration réciproque qui, malgré tout, n’a jamais failli. Ici l’art de la bricole est roi, parce qu’il a fallu bâtir une vie avec pas grand chose. Il y a un drôle de chien, qui est partout et qu’on appelle Pupuce, des atlas de pays qu’on se plaît à regarder, même si on ne les visitera jamais, et des rêves aussi, qui auraient pu les porter plus loin que cette campagne immobile, mais dans lesquels ils se sont emmêlés jusqu’à rester ici pour toujours.